Pompes à chaleur versus combustibles fossiles : ce que l'étude de la CREG ne dit pas

Pourquoi la rentabilité des pompes à chaleur est injustement discréditée

Les rumeurs reprennent de plus belle. La CREG a publié les résultats de l'étude sur la rentabilité des pompes à chaleur par rapport aux systèmes de chauffage à combustibles fossiles, qui a révélé que les pompes à chaleur n'étaient pas rentables. Un constat qui a été repris comme "preuve" par de nombreux journaux et parties intéressées.

Bien entendu, en tant que fabricant de pompes à chaleur, nous avons lu attentivement cette étude. Et nous regrettons profondément cette décision, car certaines choses doivent être clarifiées ou nuancées. Ce faisant, la véritable cause de la faible rentabilité risque d'être perdue : les taxes sur le prix de l'électricité, alors que le prix du gaz est gratuit. 

Comparer un scénario de rêve

Si l'on veut obtenir des résultats réalistes, il ne faut évidemment pas partir d'un scénario de rêve, mais plutôt d'une vision réaliste des installations actuelles.  

Cependant, le point 40 (voir la capture d'écran) montre que dans chaque situation, les technologies sont supposées être connectées à un système de chauffage central avec un système de distribution de chaleur à basse température (par exemple, chauffage par le sol). 

Cependant, si cette situation est correcte pour de nombreuses pompes à chaleur, la réalité pour les chaudières à mazout et les chaudières à gaz semble plus éloignée de cette hypothèse. En réalité, 90 % des chaudières à gaz et des chaudières à mazout sont raccordées à un système de chauffage central ancien doté d'un système de distribution de chaleur à haute température (les anciens radiateurs). Dans cette situation, la rentabilité d'une chaudière à gaz ou à mazout diminue donc considérablement. 

Si vous voulez obtenir cette situation, 90 % des propriétaires devront donc investir plus de 20 000 euros pour convertir le système de distribution de chaleur

Les panneaux solaires ne sont pas pris en compte

Un autre regret est l'exclusion des intégrations avec des panneaux solaires ou des chauffe-eau solaires. En effet, la pompe à chaleur est capable de stocker l'énergie qu'elle produit elle-même sous forme d'eau chaude sanitaire, ce qui permet de réduire la consommation d'électricité à zéro.  

Avec les chaudières à combustibles fossiles, cette possibilité n'existe pas et les combustibles fossiles seront toujours utilisés. 

La CREG indique qu'elle intégrera ce point dans une étude ultérieure. Il est toutefois dommage qu'elle publie déjà les résultats sans cette hypothèse, car cela donne une image erronée de la société. 

En omettant les panneaux solaires, on donne non seulement une image erronée de l'ampleur de l'énergie autoproduite, mais on perd également de vue les différences saisonnières.  

Pendant les mois d'été, lorsque la maison n'a pas besoin d'être chauffée, la pompe à chaleur ou la chaudière à combustible fossile ne sert qu'à chauffer l'eau sanitaire. Une pompe à chaleur, combinée à des panneaux solaires, pourra donc fonctionner exclusivement avec de l'énergie autoproduite pendant quatre à six mois, réduisant à zéro la consommation d'énergie par le réseau.  

Avec une chaudière à combustible fossile, il faut également tenir compte de la consommation d'énergie payante pendant ces mois. 

La combinaison de ces éléments réduit considérablement la rentabilité de la chaudière à combustible fossile. 

Coûts d'entretien : surestimés ou sous-estimés ?

L'étude s'est penchée sur les coûts d'entretien des différents systèmes de chauffage et a abouti à des résultats surprenants : la pompe à chaleur sans entretien s'avère plus chère qu'une chaudière à gaz. 

En tant que fabricant de pompes à chaleur, nous sommes surpris par ces affirmations.  

L'un des atouts de la pompe à chaleur est qu'elle ne nécessite aucun entretien. La pompe à chaleur est entièrement contrôlée et réglée par le biais d'une assistance en ligne. 

Le système détecte les problèmes potentiels à venir et envoie une notification à l'installateur afin d'éviter les coûts. 

Cela signifie que les coûts de main-d'œuvre et de déplacement sont pratiquement réduits à zéro. 

Ce qui est impossible avec les chaudières à combustible fossile, où les filtres et les buses doivent être remplacés à intervalles réguliers. 

Les périodes à problèmes, nous allons les mettre au rebut pendant un certain temps

C'est du moins ce qui s'est passé au cours de l'étude. Car la période de crise, où le prix du gaz a explosé et où la pompe à chaleur s'est avérée plus rentable que jamais, a tout simplement été écartée des résultats. 

En bref, la rentabilité n'a été prise en compte que lorsque les prix du gaz et du mazout étaient bas. Sachant que ces prix sont soumis aux prix du marché mondial, cette hypothèse semble incorrecte et aura affecté l'étude de manière malheureuse. 

Est-ce à cause de la pompe à chaleur ou découvrons-nous le vrai problème ?

En conclusion, la pompe à chaleur ne semble pas rentable par rapport à la chaudière à combustible fossile, si l'on prend en compte les scénarios de rêve, uniquement les prix bas du gaz et les surcoûts injustifiés. 

Pourtant, cette étude met le doigt sur le vrai problème du marché belge : le rapport entre le prix de l'énergie et le prix du gaz. 

Le rapport entre les prix de l'électricité, du gaz et du mazout est trop élevé, ce qui réduit considérablement la rentabilité des appareils électriques, tels que les pompes à chaleur.  

En effet, le gouvernement maintient les prix de l'électricité à un niveau artificiellement élevé par le biais de plusieurs taxes, qui ne sont pas répercutées sur les combustibles fossiles.  

Une situation étrange dans un monde où l'on veut bannir les combustibles fossiles (par exemple, la voiture électrique, ...). 

Source : étude CREG - Analyse sur le rapport entre le coût du chauffage à l'aide de technologies durables (dont la pompe à chaleur) et le coût du chauffage à l'aide de combustibles fossiles